...where the streets have no name...

dilluns, de març 21, 2005

Déclaration

Je déclare l'état de bonheur permanent
Et le droit de chacun à tous les privilèges.
Je dis que la souffrance est chose sacrilège
Quand il y a pour tous des roses et du pain blanc.

Declaro el estado de felicidad permanente
Y el derecho de cada persona a todos los privilegios.
Digo que el sufrimiento es irreverente
Cuando hay rosas y pan blanco para todos.



Je conteste la légitimité des guerres,
La justice qui tue et la mort qui punit,
Les consciences qui dorment au fond de leur lit,
La civilisation au bras des mercenaires.

Impugno la legitimidad de las guerras,
La justicia que mata y la muerte que castiga,
Las conciencias que duermen en el fondo de su cama,
La civilización en los brazos de los mercenarios.



Je regarde mourir ce siècle vieillissant.
Un monde différent renaîtra de ses cendres
Mais il ne suffit plus simplement de l'attendre:
Je l'ai trop attendu. Je le veux à présent.

Veo morir este siglo que envejece.
Un mundo diferente renacerá de sus cenizas
Pero no es suficiente esperarlo:

He esperado demasiado. Lo quiero ya.


Que ma femme soit belle à chaque heure du jour
Sans avoir à se dissimuler sous le fard
Et qu'il ne soit plus dit de remettre à plus tard
L'envie que j'ai d'elle et de lui faire l'amour.

Que mi mujer esté guapa a todas horas
Sin tener que taparse con maquillaje
Y que no se deje para más tarde
Las ganas que tengo de ella y de hacerle el amor.



Que nos fils soient des hommes, non pas des adultes
Et qu'ils soient ce que nous voulions être jadis.
Que nous soyons frères camarades et complices
Au lieu d'être deux générations qui s'insultent.

Que nuestros hijos sean hombres, no adultos
Y que sean lo que nosotros hubiéramos querido ser.
Que seamos hermanos, camaradas y cómplices
En vez de dos generaciones que se insultan.



Que nos pères puissent enfin s'émanciper
Et qu'ils prennent le temps de caresser leur femme
Après toute une vie de sueur et de larmes
Et des entre-deux-guerres qui n'étaient pas la paix.

Que nuestros padres puedan por fin reconciliarse
Y que se tomen su tiempo para acariciar a su mujer
Despues de toda una vida de sudor y lágrimas
Y de las entre-dos-guerras que no eran la paz.



Je déclare l'état de bonheur permanent
Sans que ce soit des mots avec de la musique,
Sans attendre que viennent les temps messianiques,
Sans que ce soit voté dans aucun parlement.

Declaro el estado de felicidad permanente
Sin que sean palabras con música,
Sin esperar que vengan los tiempos Mesiánicos,
Sin que se vote en ningun parlamento.



Je dis que, désormais, nous serons responsables.
Nous ne rendrons de compte à personne et à rien
Et nous transformerons le hasard en destin,
Seuls à bord et sans maître et sans dieu et sans diable.

Digo que, en adelante, seremos responsables.
No echaremos cuentas a nadie ni a nada
Y transformaremos la suerte en destino,
Solos a bordo y sin maestro y sin dios y sin diablo.



Et si tu veux venir, passe la passerelle.
Il y a de la place pour tous et pour chacun
Mais il nous reste à faire encore du chemin
Pour aller voir briller une étoile nouvelle.
Je déclare l'état de bonheur permanent.

Y si quieres venir, cruza la pasarela.
Hay sitio para todos y cada uno
Pero nos queda aún un camino por hacer
Por ver brillar una nueva estrella.
Declaro el estado de felicidad permanente.



Georges Moustaki


Traduït per la Lara. Gràcies un cop més.